Le CEPAS a conduit au cours de l’année 2022, une recherche en vue de capturer les priorités et les préoccupations de la population congolaise avec comme finalité de contribuer à l’amélioration de la qualité de la gouvernance publique en RDC par la dissémination des résultats auprès des décideurs politiques.

Cette recherche, par focus groups, s’est déroulée sur six sites, dont trois dans un environnement urbain et trois dans un environnement semi-rural. Elle a été menée sur terrain par une équipe restreinte constituée, pour une moitié, de représentants d’organisations de la société civile et, pour l’autre moitié, de ceux de huit partis politiques les plus représentés à l’Assemblée Nationale.

La population-cible de cette recherche était constituée d’hommes et femmes, jeunes (de 18 à 35 ans) et adultes (à partir de 36 ans), repartis selon des groupes de deux niveaux d’éducation (les instruits et les non instruits) et de deux niveaux de revenu annuel (les faibles revenus, inférieurs à 200$ et les revenus moyens, de 200 à 1000$).

Les conclusions de cette recherche seront utilisées comme outil de travail dans la construction des initiatives visant à influencer les politiques publiques afin qu’elles prennent en compte ce que désire réellement la population et à amener les décideurs politiques à prendre en compte les aspirations de la population. Une remise officielle de premières conclusions de cette recherche aux parlementaires et au gouvernement est prévue au courant de la période entre la session parlementaire de septembre 2022 et celle de mars 2023 comme point de départ du plaidoyer.

Succinctement, du point de vue des résultats, la quasi-totalité des répondants estiment que les domaines suivants devraient constituer une priorité du gouvernement et des partis politiques, il s’agit du social (100%), de l’économie (97%), de l’éducation (99,65%) et de la sécurité (75%).

Par rapport aux enjeux sociopolitiques et économiques de la population :

  • La quasi-totalité des répondants sont unanimes sur la situation actuelle du pays ; ils estiment que la RDC se dirige dans une mauvaise direction, eu égard à l’insécurité qui prévaut sur l’ensemble du territoire national et l’absence de justice qui est appliquée selon la loi du plus fort. L’état de droit, cheval de bataille du Chef de l’Etat, continue de paraître comme un slogan ;
  • De principaux problèmes évoqués au cours des discussions et auxquels la RDC fait face aujourd’hui, l’éducation et le social sont revenus plusieurs fois (95,58%) ; ces problèmes affectent particulièrement la jeunesse et les femmes.
  • Il est demandé aux leaders politiques de porter plus d’attention et de donner priorité à la santé, au social, à l’éducation et à la sécurité ;

Par rapport à la perception des partis politiques congolais par la population et la pratique démocratique

L’opinion prépondérante qui se dégage des entretiens avec les enquêtés est que les partis politiques congolais militent pour leurs intérêts et la conquête du pouvoir comme moyen ultime pour satisfaire ces intérêts. Du coup, les intérêts de la population sont, au mieux, relégués au second plan, au pire ignorés. Les répondants dénoncent la corruption, le népotisme et le clientélisme devenus des pratiques consacrées, alors qu’elles sont prohibées par les lois et règlements en vigueur.

« Les autorités doivent aimer le pays, aimer la population en défendant d’abord les intérêts de cette dernière. Ils doivent aussi respecter la constitution » (une enquêtée de la commune de Ndjili, quartier 7)

« Nous ne voyons pas clair, donc les autorités de l’Etat et leurs entourages sont là assis sur leurs fauteuils, et ils ont liés le peuple et les besoins du peuple dans des couches des bébés » (Un jeune universitaire de Limete, Résidentiel)

Concernant la pratique démocratique, si la majorité des participants estime que la démocratie est une bonne chose de par les principes qu’elle garantit (libre expression ou opinion, choix des dirigeants, etc.), sa pratique est biaisée en RD Congo où les participants considèrent que les élections ne sont pas libres, ni transparentes ; les dirigeants réellement élus ne sont pas ceux reconnus par les organes électoraux.

“La majorité des élus en vrai n’étaient pas des élus, ils étaient nommés, alors ces genres de personnes n’ont rien à foutre avec le bien-être de la population car ils savent qu’avec ou sans la population ils auront le pouvoir parce qu’ils en achèteront à la CENI.” 

« Ce n’est plus important, comme ils ont déjà leurs élus qu’ils les placent directement. Nous avions voté dernièrement sous la pluie et ça n’a servi strictement à rien. » (Une jeune femme de la commune de Limete Résidentiel)

Par rapport à la performance des partis politiques face aux enjeux identifiés

Les enquêtés sont unanimes pour dire que les partis politiques congolais ne sont pas performants.

Le rapport complet de cette recherche peut être téléchargé ICI.