Atelier dypol 2019

Dans le souci et la nécessité de restaurer un dialogue permanent entre les gouvernants et les gouvernés ; de créer un pont entre le corps savants, détenteurs du savoir, et les décideurs publics en vue d’aboutir à l’avènement d’une société « de raison et de participation citoyenne » ; la Dynamique des Politologues (DYPOL) a ouvert, du 27 au 29 Mai 2019, sous la facilitation du CEPAS, le troisième Atelier sciences politique autour du thème :

« Moralité et vie publique en République Démocratique du Congo, l’impossible mariage ? »

La dynamique des politologues entendait relancer le débat sur la relation entre la morale et la politique dans notre pays.
En outre et au regard des remous qui ont récemment secoué le microcosme politique (prétendus corruptions lors des élections sénatoriales ; business familial où certains élus alignent femme, enfant, frères et sœurs, à la suppléance des législatives – impliquant inévitablement des conflits d’intérêts dans la gestion des affaires publiques) ; au regard du fameux concept de « déboulonnement de l’ancien système » lancé par le nouveau Chef de l’Etat et de la nécessité « de lutter contre les antivaleurs » pour rétablir ou retisser les fils afin de renouer la confiance entre décideurs politiques et le souverain primaire, le peuple ; il semble évident, qu’en démocratie, l’absence de la confiance du citoyen dans les institutions Etatiques et aux décideurs politiques est un dangereux terreaux où risque de prendre racine l’extrémisme, le populisme extrême et radicale.

Les objectifs pour cet atelier étaient :

  • Jeter un regard critique sur la place de l’éthique, la probité et la morale dans la société
  • D’informer et d’associer nos concitoyens sur les enjeux des principes et des valeurs moraux
  • De contribuer à éclairer les décideurs sur la nécessité de moraliser la vie publique

Pour chaque sous thème, une personnalité a été sollicitée pour éclairer les participants et les aider à mieux appréhender et comprendre la technicité et la complexité de la matière.

Le premier exposé présenté par le Père Emmanuel BUEYA, professeur à l’Université Loyola du Congo (ULC) faisait le « Lien entre champ de l’éthique et du politique »

Pour le second exposé, le Professeur Apollinaire IPAYA, chercheur et savant des sciences sociale, politique et administrative de l’Université Libre de Kinshasa (ULK), s’est appesanti sur « Les mécanismes et stratégies d’intégrité au sein des partis politiques ». Avec un réalisme politique et sociologique déroutant, sans lyrisme ni utopie, le Pr Apollinaire a dépeint une société congolaise sombre, malade, et dont les valeurs, les appréhensions et les attentes du politique sont déformés par une méconnaissance des valeurs avant d’arriver à la conclusion qu’il est plus qu’urgent :

  • d’instaurer des cadres de contrôle citoyen au sein des partis politique
  • d’assurer une bonne formation des leaders en gestation et d’orienter leurs aspirations vers le service et le dévouement plutôt qu’à une gestion personnelle et affairiste du pouvoir public

L’honorable Patrick MUYAYA, député national, a décortiqué le troisième thème concernant « L’exigence de probité des parlementaires ».
En effet, au regard des problèmes postélectoraux (des nominations, du vagabondage politique, des supposés corruptions des députés provinciaux lors des élections sénatoriales, etc.) la population attend du nouveau président : La moralisation de la vie publique.

Le quatrième exposé présenté par M. Saint-Augustin MWENEMBALI, Professeur d’Université, directeur de l’Observatoire de Surveillance de la Corruption et de l’Ethique Professionnelle, abordait le vaste sujet de « L’exigence de probité des membres du gouvernement et dans les cabinets politiques ».

Le sénateur et professeur Jacques NDJOLI ESENG’EKELI a, dans le cinquième exposé traité de la « Revisitation de l’arsenal juridique congolais et des contraintes légales portant sur la probité des décideurs publics ».
Pour le sixième exposé, l’Honorable Jean Lucien Bussa a présenté sa réponse à l’interrogation « Moralité et vie Publique, l’impossible mariage ? ».

Le dernier exposé concernait « Le rôle de la société civile congolaise dans la sensibilisation de la population sur les questions d’éthique et de probité des gouvernants ».

Après ces trois jours de conférence, échanges, diagnostic, les recommandations suivantes ont été formulées :

  1. Création d’une Agence Nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC) :

Parce que la Corruption est la genèse de l’immoralité dans une société de droit. Elle mine le développement humain. Elle détourne les ressources publiques, augmente les inégalités et entrave le développement économique national et local en faussant les marchés de biens et de services. Elle érode la primauté du droit et détruit la confiance du public envers les gouvernements et les dirigeants. Cette agence devra être administrée par les magistrats et les hauts fonctionnaires de l’Etat ; jouir d’une totale indépendance à l’égard du politique ; le personnel devra être choisit par concours et jouir d’une réputation irréprochable ; le personnel de l’agence devra bénéficier des garantis les plus efficients pour sa sécurité et pour l’exécution des tâches qui lui seraient confiés –il devra connaître une rigueur tout aussi stricte et sévère en cas de manquement à sa mission. Cette agence devra bénéficier d’un corps d’élite composé des militaires pour veiller à l’exécution de sa mission.

  1. Des lois anti-corruption regroupées et sanctionnées de façon systématique

Un observatoire de contrôle plus conséquent qui regrouperait différentes structures existantes.

  1. Réorganisation de l’OCSEP, BUNEP et autres structures sensées lutter contre la corruption, les antivaleurs et pour la probité :

Donner plus de pouvoir et des moyens afin de lutter plus efficacement

  1. Un corps Spéciale Des magistrats formés pour la lutte contre la corruption :

Ces magistrats détachés travailleront auprès des tribunaux des grandes instances de tout le pays. Ils devront être nommés après avis de l’ANLC

  1. Mécanismes de Contrôle citoyen :
  2. Permettre aux citoyens, à mi-mandat, de sanctionner favorablement ou négativement les élus sous forme d’un référendum.
  3. Donner la possibilité aux citoyens de dénoncer, même de façon anonyme, par simple appel gratuit, les faits délictuels dont il serait témoin
  4. Renforcer les statuts des journalistes d’investigations et apporter des garanties sur la protection de leur emploi tout comme de leurs revenus.
  5. Réforme de la loi électorale
  6. Une déclaration sous forme La moralisation de la vie publique
  7. Des déclarations de Patrimoine au préalable avant et à la fin de mandat des tous les membres du gouvernent et les hauts fonctionnaires de l’Etat :

Le non-respect de ce dispositif devra être automatiquement sanctionné. Ces hauts fonctionnaires devront signés une Charte de Moralisation de la vie publique et un rappelle sur les conséquences liées aux conflits d’intérêts, aux abus de l’exercice du pouvoir, à l’enrichissement illégal et sans cause, aux conséquences (notamment saisit des biens personnelles au profit de l’Etat) d’une condamnation définitive pour corruption. Servir et non se servir ! Les conséquences sur les manquements doivent être si impitoyables que le concerné sente qu’il risquerait de tout perdre…même ce qu’il n’a pas !